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Oasis ?

Un hôtel-restaurant à terrasse, une optique purement financière

Oasis est un projet issu, fin 2018, du concours "Réinventer Paris 2" lancé par la Ville de Paris. Aucun représentant des riverains ne figurait au sein du jury. L'affaire est quelque peu incestueuse. En effet, le jury, présidé par la Mairie de le Paris, a néanmoins choisi sans vergogne un projet conduit par une filiale à plus de 70 % de la Ville, la SemPariseine. Le projet primé évoquait  l’habitat solidaire, le lien social, l'innovation, les dimensions socioculturelles, l’appropriation par les habitants, la mixité sociale, un "tiers lieu", un "chantier participatif", une démarche "éco responsable", une "coconstruction" avec les riverains, une "salle des possibles" etc… Depuis, le choix du jury a été largement dévoyé par les promoteurs (SemPariseine, REI Habitat et Atelier Georges, sous la houlette de la Ville de Paris), qui se fixent à présent des objectifs bien plus terre à terre, et surtout bien plus rentables.


    En effet, ces derniers présentent aujourd’hui un très classique programme privé de promotion immobilière à dominante hôtelière. Ouvert 24 h/24, il accueillera 300 à 400 personnes au total, jour et nuit, dès 2023. Il est composé d’un hôtel de 260 lits, de 36 chambres en corésidence et de quatre logements passerelle. Ces derniers, ne représentant qu'un symbolique 5,2 % du programme, constituent clairement l'alibi social du projet. Le centre comprend également un café-restaurant de 80 couverts, dont une grande partie en terrasse. La possibilité d’organiser des évènements festifs nocturnes en plein air à proximité est également expressément prévue.

 

    Compte-tenu de l’attrait du site exceptionnel où il doit s’incruster, l’hôtel-restaurant deviendra vite un établissement très recherché, et nul ne l’empêchera alors de se transformer en un équipement de haut de gamme, très lucratif, réservé à une clientèle aisée, bien loin des objectifs sociaux de façade initialement mis en avant.


    Ce projet prend place dans les anciens locaux du Mémorial du Général Leclerc et de la Libération de Paris et du musée Jean Moulin, dont le bâtiment sera remanié et surélevé par une barre le portant à 4 niveaux. La surface de planchers sera de 4 000 m2. L’investissement total est estimé à 20  M€. Le futur propriétaire privé n’est pas connu à ce jour. Les détails du montage financier sont donnés ici : le projet n'a pas d'autre but que de rapporter environ 5 M€ dans les caisses de la Ville...

Une exploitation sans contraintes, des nuisances sans entraves

Ignorant superbement les demandes pressantes et multiples des riverains qui visent à limiter les nuisances du projet, les promoteurs et la Ville cherchent à allécher les investisseurs et exploitants potentiels en leur promettant toutes les facilités possibles et en les dégageant de toute contrainte. Et de fait ils ont annoncé officiellement (mars 2021) que les futurs propriétaires et exploitants d’Oasis bénéficieraient d'une totale liberté d'exploitation de leurs équipements, sans sujétion aucune en dehors des réglementations de droit commun.

    Ainsi, les arrivées et les départs des clients de l’hôtel, par différents moyens de locomotion, pourront-ils se poursuivre toute la nuit. De même, le café restaurant en terrasse pourra-t-il rester ouvert jusqu’à l’aube, si l’exploitant le juge bon. Quant aux événement festifs en plein air, il est expressément convenu que l'exploitant a le droit d'en organiser à sa guise, sans limitations d'horaires, de taille, ou de fréquence.

    Pour ce qui concerne le jardin public, il constituera un élément d’attractivité majeur pour le restaurant en terrasse, surtout l’été. La tentation sera donc grande de l’ouvrir la nuit. Or la Ville de Paris refuse de garantir sa fermeture de nuit. Et d'ailleurs peut-on imaginer que la Ville (seule maîtresse de la décision) refuse ce menu service à l'exploitant alors qu'elle se sera par ailleurs mise en quatre pour le faire venir sur le site ? D'ailleurs, les photomontages de REI-Habitat montrent que la barrière du jardin sera purement et simplement supprimée. Dés lors, bien évidemment, aucun contrôle ne sera plus possible…

    Quant aux accès à la dalle, il est établi que les trois voies entourant le jardin resteront ouvertes à la circulation des véhicules (alors même qu'il faut prévoir des flux multipliés par 7 par rapport à la situation actuelle, avec en outre l'apparition d'un substantiel trafic de nuit). Aucun dispositif sérieux n’est prévu pour limiter le nombre et le type des véhicules appelés à circuler autour du jardin, voire dans le jardin.

    Sur tous ces points, pour répondre à l'inquiétude légitime des riverains, le promoteurs et la Ville se contentent de quelques rares promesses, minimalistes, purement verbales, et d'un flou consommé.

    Quoi qu'il en soit, en 2023, les porteurs actuels du projet (Mairie de Paris, société d’aménagement, bureau d’études, architectes, etc.) auront tous disparu, et laissé la place au propriétaire privé et aux exploitants (inconnus à ce jour). Bien entendu ces derniers-ci géreront et feront évoluer l’établissement à leur guise. Ils ne seront aucunement liés par quelque promesse verbale que ce soit  faite à la légère deux ou trois années plus tôt par des organismes n'ayant plus aucune responsabilité dans le projet. Quant à la ville de Paris, gestionnaire des accès et du jardin, elle refuse de prendre le moindre engagement que ce soit.

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